Quimper. Sondage, des municipales plus serrées qu’en 2008

Le Télégramme 12 février 2014 par Bruno Salaün

Les élections municipales 2014 se révéleraient bien plus serrées qu’en 2008 entre la gauche et la droite, à Quimper, selon une enquête d’opinion réalisée par BVA, en exclusivité pour Le Télégramme, France Bleu Breizh Izel et Tébéo. La gauche garderait toutefois la main, mais la liste Poignant (49 %) perdrait près de 7 points par rapport à 2008, dans l’hypothèse d’une triangulaire avec les listes Jolivet et Le Bal.

Au soir du 1er tour des élections municipales quimpéroises 2008, les trois listes de gauche et d’extrême gauche affichaient un score cumulé de 59,3 %. Historique et insolent. À elles seules, les équipes du socialiste Bernard Poignant et de l’écologiste Daniel Le Bigot pointaient à 52,8 %. Elles faisaient alors mieux, dès le 1er tour de scrutin, que la liste RPR-UDF-DL conduite par Alain Gérard lors de sa victoire au second tour de 2001 (52,1 %). Le mois prochain, l’élection s’annoncerait plus serrée au vu des intentions de vote de 601 Quimpérois captées, début février, par BVA. La gauche plafonnerait à 52 % au 1er tour, et même à 47 % si l’on dissocie les voix de la gauche de la gauche (5 %). La droite et le centre atteindraient 41 %, soit le même niveau, à 0,3 point près, que sa performance de 2008. Le Front national, absent il y a six ans, réaliserait 7 %, soit deux points de mieux que le MNR en 2001.

Moins 5 points en six ans

Dans le détail et dans un paysage à sept listes, contre cinq en 2008, la liste Poignant (PS, PCF, PRG, etc.) perdrait 5 points en six ans, la liste Le Bigot reculerait de 4,8 points et la liste Szczepankiewicz (NPA-Front de gauche) de 1,5 point. La liste régionaliste Le Gars, nouvelle venue, obtiendrait 4 %. À droite, la liste Jolivet (UMP-UDI) se voit créditer de 0,9 point de mieux qu’en 2008. La liste centriste Le Bal décrocherait 0,4 point de mieux lors du 1er tour. Selon l’enquête de BVA, le maire sortant remporterait le second tour, le 30 mars, quel que soit le cas de figure : duel direct avec le candidat de droite Ludovic Jolivet ou triangulaire avec Isabelle Le Bal, si ces trois listes s’avèrent effectivement en situation de se qualifier. « Malgré une forte baisse de son score par rapport à 2008, Bernard Poignant arrive pour le moment toujours en tête des intentions de vote de 2nd tour, grâce à un rapport de force politique légèrement favorable à la gauche au 1er tour (...) et à des reports de voix meilleurs à gauche qu’à droite », analyse Éric Bonnet, le directeur des études BVA Opinion.

Triangulaire fort probable

Dans le cas d’un duel, Bernard Poignant devancerait Ludovic Jolivet de 10 points, selon les intentions de vote des Quimpérois interrogés début février. Dans l’hypothèse d’une triangulaire, déjà rencontrée en 2008 et fort probable le mois prochain, le candidat socialiste verrait sa marge de victoire augmenter. Il culminerait à 49 %, soit 6,7 points de moins qu’en 2008. Mais son challenger UMP perdrait l’élection de 13 points, en obtenant un score (36 %) supérieur de 3,9 points à celui de Marcelle Ramonet, il y a six ans. La centriste Isabelle Le Bal progresserait, quant à elle, de 2,8 points, à 15 %.

Reports de voix plus diffus

À regarder de plus près les intentions des citoyens interrogés, dans ce scénario de la triangulaire, les reports de voix seraient moins favorables à Bernard Poignant. Avec toutes les précautions d’usage, il apparaît ainsi, par exemple, que 11 % des électeurs de Daniel Le Bigot et de Naig Le Gars du 1er tour seraient prêts à voter Isabelle Le Bal au 2nd tour. Et que respectivement 7 % et 15 % n’y voteraient pas. La proportion s’élève à 17 % pour les soutiens de la liste FdG-NPA, dont 29 % opteraient toutefois pour l’abstention. Dans l’hypothèse d’un duel, « ceux qui ont l’intention de voter pour une liste de gauche non-socialiste au 1er tour sont entre 65 % et 87 % à avoir l’intention de voter pour la liste Poignant au 2nd tour », décrit Éric Bonnet. Par ailleurs, 20 % des électeurs d’Isabelle Le Bal au 1er tour seraient tentés de voter en faveur de Bernard Poignant au second et 26 % choisiraient de s’abstenir. Le candidat de droite, Ludovic Jolivet, ne pourrait donc compter que sur un report de 54 % des voix centristes et de 55 % des suffrages d’extrême droite (30 % ne voteraient pas). Pas suffisant pour faire pencher la balance en sa faveur. Mais rien n’est écrit d’avance. L’enquête. Réalisée par BVA, du 3 au 7 février 2014 par téléphone, pour Le Télégramme, France Bleu Breizh Izel et Tébéo. L’échantillon. 601 personnes inscrites sur les listes électorales, représentatives des habitants de Quimper. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge et profession du chef de famille. Quatre sur sept. Pour l’heure, seules quatre listes intégrales ont été dévoilées : « Quimper pour vous » (Poignant), « Osons Quimper » (Jolivet), « Viva’Cité » (Le Bal) et « Kemper l’écologie à gauche 2014 » (Le Bigot). Seules les deux premières l’avaient été au moment de l’enquête. Trois autres restent à confirmer : Front de gauche-NPA (Patryk Szczepankiewicz), Gauche bretonne (Naig Le Gars) et Front national (Alain Delgrange).


Climat plus clair et moins tendu à droite

Rien n’est écrit, d’autant que le contexte des élections municipales 2014 est localement et nationalement très différent de celui de 2008. Localement d’abord, la gauche ambitionne de conserver la Ville alors qu’il y a six ans elle était en phase de reconquête. Elle espère garder les manettes, dans la continuité des actions engagées, répliquant aux critiques à propos des transports notamment, en appliquant une stratégie électorale assez proche de la précédente. Ses deux listes principales, l’une dite de la gauche rassemblée (PS-PCF-PRG, Démocrates du centre) et l’autre écologiste, ont l’intention de fusionner entre les deux tours. Elles s’inscrivent dans un rapport de forces et les regards se tourneront naturellement vers le score de Kemper l’Écologie à gauche. Les écologistes pourront-ils rééditer leur performance de 2008 (16,8 % et douze puis treize élus), inattendue à ce niveau et jamais égalée à Quimper ? BVA les créditent de 12 %, à peu près le score pronostiqué par les observateurs il y a six ans ! Que donnera cette alliance, à l’issue d’un mandat où la majorité s’est révélée moins soudée qu’attendu sur des dossiers aussi sensibles que les écoles, l’eau, la démocratie participative (etc.), moins ambitieuse sur le dossier des transports.

6.443 voix d’avance en 2008

Seule quasi-certitude, cette gauche diversement rassemblée aura du mal à approcher les scores, souvent hauts voire très hauts, réalisés à la plupart des élections depuis sa défaite de 1.168 voix en 2001 : 55,7 % par Poignant en 2008 (6.443 voix d’avance sur 27.300 suffrages exprimés), 63,5 % par Hollande à la présidentielle 2012 ou 67 % par Urvoas aux législatives 2012. D’autant que le contexte national ne lui sera pas favorable, même si, traditionnellement à une élection municipale, les électeurs s’expriment avant tout sur des enjeux locaux. La droite, elle, déroule sa campagne de reconquête dans un climat à la fois beaucoup plus clair et moins tendu qu’en 2008. Plus clair car il n’y a jamais eu aucun doute sur le fait que l’UMP et l’UDI feraient alliance ou sur le fait que la centriste Isabelle Le Bal renouvellerait l’expérience d’une liste autonome, y compris dans la perspective du second tour. Moins tendu, car l’UMP avait traversé, en 2007, une phase de divisions ponctuée de mots et comportements très clivants, longs à digérer. La liste emmenée par le duo Jolivet-Guénégan joue, à fond, la carte de la contestation du bilan de la gauche en appuyant sur les transports et le commerce. Celle conduite par la paire Le Bal-Le Roux se place résolument en dehors de l’affrontement droite gauche classique, fidèle à sa posture d’opposante « constructive ».


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